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866 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pensent. Je n'ai pas de rival : ici, aucun homme ne se marie sans argent ; une fille ne refuse jamais un homme plus riche qu'elle, si ce n'est lorsqu'un homme plus riche que le premier se présente. Serena, qui sait peu calculer tout cela, fera toujours pencher la balance du côté de celui qu'elle aime.

Ah, Beaconley, tu ne peux pas me conseiller. Dans ces conjonctures, personne ne sait donner ou prendre des conseils.

Serena Bruchi à M. Talboys. Odoardo

Vous ne m'avez jamais aimée : si vous m'aviez aimée, vous m'aimeriez encore. Car il est impossible d'aimer sans aimer pour toujours.

Pourquoi ne me l'avoir pas dit vous-même, Odoardo ! au lieu de le dire à maman et à mon oncle ? Que pensez- vous donc que je vous aurais dit ? Je ne me suis jamais mise en colère contre vous, ni contre personne. J'aurais été seulement chagrine, et cela ne vous aurait pas fait de peine. Et j'aurais été moins chagrine que je ne le suis maintenant; car je suis à la fois chagrine de savoir que vous ne m'aimez plus, et de penser que vous avez agi si mal, quand vous m'avez dit que vous m'aimeriez toujours.

Mais, Odoardo, vous pensiez alors que vous m'aimeriez, n'est-ce pas ? Si vous pensiez ainsi, vous n'avez pas agi si affreusement mal, en vérité ; vous n'avez pas mal agi du tout ; et ainsi je suis moins malheureuse que j'aurais pu l'être.... et pourtant je ne crois pas que je pourrais l'être davantage. C'est cruel, de ne m'avoir pas écrit un seul

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