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HAUTES ET BASSES CLASSES EN ITALIE 857

Mais les fattori ont tant de comptes à tenir pour eux- mêmes qu'ils oublient vite ceux des autres, et en laissent facilement échapper quelque chose. Lors de mon dernier anniversaire, maman me dit que j'avais treize ans, et me rappela qu'il y avait cinq années pleines que j'allais à confesse. C'est exact, et cela tranche la question. En effet on n'apprend pas aux enfants avant leurs neuf ans ce que c'est que les péchés, ni la manière dont on les commet, sauf les mensonges et les vols, qu'ils apprennent plus tôt, et d'eux-mêmes. Ce sont là des péchés, ou presque, bien que les confesseurs nous disent qu'ils ne méritent pas de longues explications. Une fois, j'ai volé une aiguille à maman, parce que j'avais perdu la mienne ; et elle m'a battue pour cela. Ce n'était pas qu'elle fût en colère ; mais cela pouvait me servir de première confession, et le fouet m'en ferait souvenir. En conséquence, à la prochaine mauvaise action que je commis, je racontai un mensonge. J'avais arraché un géranium pour cacher dessous quelques noisettes. Le géranium se fana, et quand on retourna la terre, on découvrit les noisettes. Maman, pour me punir, me fit rester debout à côté d'elle pendant qu'elle les cas- sait et les mangeait jusqu'à la dernière. Et cela me servit de confession au carême suivant. Depuis, j'ai été souvent étonnée : on me posait des questions si singulières, et d'une voix si différente de celle dont on m'interrogeait quand j'étais petite... J'ai parlé du baiser ; j'ai parlé de la boucle de cheveux ; non que ce soient des péchés, mais parce que j'y pensais pendant ma prière à la Madone, que cela l'interrompit, et que je ne sus plus m'y retrouver.

Et maintenant, ne m'interrogez plus au sujet de mon âge ; car je vous ai donné quelques raisons, et vous m'en

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