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HAUTES ET BASSES CLASSES EN ITALIE 849

Je ne comprends pas pourquoi votre mère, ou votre oncle, me refuseraient la satisfaction de vous voir. Elle dit qu'il est bizarre et d'humeur méchante, qu'on lui doit beaucoup et qu'on peut lui devoir davantage. Assurément une telle espérance est mal fondée, car votre mère m'a dit qu'il a une fille mariée et des petits-enfants. Et, en supposant que votre famille lui eût des obligations, y a-t-il quelque chose en moi qui puisse l'ofFenser ou lui déplaire ? Elle m'a fait promettre de ne pas chercher à vous voir chez votre oncle. Je n'ai cédé que lorsqu'elle m'a dit : " Je vous en supplie, pour l'amour de notre Serena ! "

O Serena ! je vous ai donné mon cœur ; je vous don- nerais mon bonheur aussi, sans le réclamer ni le regretter, s'il pouvait s'ajouter au vôtre. Mais, certes, il vaut mieux garder son cœur que le briser, et si nous prenons le bon- heur d'un autre, nous ne saurions conserver le nôtre.

Mais, ma chère petite Serena ! nous pouvons jouer ensemble avec le bonheur comme les enfants jouent avec leurs mains, en les plaçant l'une sur l'autre alternative- ment, vite et sans interruption.

L'Odoardo DE Serena.

Serena Bruchi à M. Talboys.

Très ^her, très cher Odoardo

Ainsi, vous savez vraiment jouer ce jeu si amusant ? Mais n'est-il pas bien enfantin ! Sinforiano et moi nous y jouions, jusqu'à ce qu'il m'eût égratignée un jour, en disant qu'il avait le droit de m'égratigner, puisqu'il est mon unique frère.

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