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8o8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

capter Chateaubriand. Une commission fut chargée de répondre au souverain et eut le courage de ne pas déjuger l'Académie hostile pour des raisons qui lui semblaient sans doute excellentes. Le Génie du Christianisme repassa au crible de chacun de ces messieurs comme autrefois, mais dans le dessein contraire, les premiers académiciens, sur l'ordre de Richelieu, durent examiner le Cid et rendirent compte public de leur examen par les Sentiments de V Académie sur le Cid. Le parallèle pourrait être assez poussé. Le 1 3 Février 1 8 1 1 la conclusion du débat, assez habilement présentée mais conservant ses tendances négatives, était envoyée à l'Empereur. Remarquez la date : 13 Février. Dans la séance du 20 — huit jours après — avait lieu l'élection de Chateaubriand.

Etre élu n'est pas être reçu. Chateaubriand en fit l'expérience, je l'ai rappelé. Son discours de réception, qui fut l'occasion d'un des innombrables accès de colère de Napoléon, avait été aussi fort discuté en Académie, lors de la traditionnelle première lecture en commission. Si au sujet du prix elle avait tenu à son indépendance et résisté le plus possible au vœu impérial, cette assemblée des idéologues, mêlant peut-être à son jugement quelque rancune envers Chateaubriand imposé, jugea d'avance comme l'Empereur et réclama des corrections à l'orateur. Cependant elle ne le fit point avec assez de vigueur au gré de Napoléon

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