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73 s LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le Petit Garçon, interdit tout d'abord^ se décide enfin à réciter ces mots. — Monsieur l'abbé, je suis venu pour ma sœur, qui est très malade et qui... et qui voudrait vous demander... si vous ne pourriez pas... venir lui donner... restrêmoncion...

L'Abbé Pastorelli, très courtois. — Je suis toujours aux ordres de mademoiselle Gavoty, mon cher enfant, et vous pouvez le lui dire de ma part. Mais vous me per- mettrez bien, n'est-ce-pas ? de vous présenter ces person- nes, que vous ne connaissez pas encore, et que vous brûlez, je suis sûr, de mieux connaître. [Solennel) Madame de Chatel, une dame de Paris, fort élégante comme vous voyez. Et je vous prie de remarquer que les robes se por- tent fort ajustées cette année. M. de Chatel, son mari, un écrivain des plus distingués de sa génération... vous n'avez donc encore rien lu de lui ? {Tête du petit garçon) Ah ! c'est juste. Votre âge encore tendre... Mais, plus tard, n'oubliez pas : c'est nécessaire pour le perfectionne- ment de votre éducation intellectuelle. {Se tournant vers ses visiteurs et leur montrant le gamin) Monsieur Aristide Gavoty, un de nos plus sympathiques dandies. La jeunesse dorée d'Opio ne jure que par lui. [Au petit garçon) J'espère qu'ainsi, mon cher enfant, votre légitime curiosité est satisfaite. Vous en savez autant que moi. Ah ! que je n'oublie pas d'ajouter que M. de Chatel connaît intime- ment le ministre de l'intérieur et celui des Cultes et qu'en outre il m'honore de son amitié. C'est tout. {Changeant de voix) Et maintenant, très cher petit, je te conseille de filer immédiatement vers l'antre de tes parents, si tu ne veux recevoir, dans un délai de douze secondes, le plus magistral coup de pied au derrière que tu puisses imaginer dans tes cauchemars. Allez ! ouste !

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