724 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
de son temps d'activité. Parce qu'il paraît que, dans la carrière, il faut toujours être prêt, avec toutes ces fêtes qu'ils donnent, tous ces protocoles !... Si la Commune avait réussi, on les aurait supprimés tout de même, les diplomates... Et je me demande par quoi on les aurait remplacés.
Maurice. — Peut-être serait-on parvenu à s'en passer.
Monsieur Foucart. — Ou à les remplacer par des coiffeurs. Pourquoi pas ?... Tenez, j'admire souvent ce qu'il nous faut de finesse, de roublardise, pour arriver à faire croire au client qu'il n'attendra que cinq minutes alors que nous en avons encore pour une demi-heure, et qu'il ne sent rien au moment où on lui écorche la peau, parce qu'on est trop pressé. C'est de la diplomatie, tout ça...
Mais, je crois que j'ai mis assez de mousse, hé ! et que je peux commencer à vous raser. Que préférez-vous ? Un creux ? un plein ? un demi-creux ? une lame lourde ou légère ? Un suédois, un américain, un cheffilde ?
Maurice. — Voyez vous-même.
Monsieur Foucart, scrupuleux. — C'est tout un pro- blème. Le creux attaque avec finesse, mais il se rebute vite, il lui arrive aussi de sautiller. C'est le caprice même... Le plein a pour lui son poids, mais il reste un peu brutal. Les lames mobiles, on dirait des feuilles de carton. L'amé- ricain, c'est trop sec, le suédois brûle, le cheffilde ? toujours truqué.
Maurice. — Alors ?...
Monsieur Foucart. — Alors, je vais vous travailler avec un beau petit rasoir grassois. (// fait scintiller^ comme une arme précieuscy aux yeux vagues de Maurice appesanti^ un
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