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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 721

Maurice. — Vous étiez communard ?

Monsieur Foucart, savourant modestement son effet. — Eh ! oui. Une idée de jeunesse. Je me trouvai, dans la capitale, pincé par le siège, au moment même où je voulais retourner à Grasse... Alors, je ne sais pas pour- quoi, peut-être par dépit, peut-être par... fantaisie, je me suis jeté dans ces idées-là... Le jour, je faisais mon travail, même que je me servais d'un éclat d'obus comme plat à barbe ; la nuit j'assistais aux réunions de mon club. Je ne me rappelle même plus ce qu'on y disait. Je sais que l'on voulait tuer un tas de gens, et moi je criais bravo, et signais des listes... Mon patron, qui avait rasé des messieurs de la haute, était légitimiste et la Commune lui semblait une invention de Satan, tout simplement. Mais il faisait semblant d'ignorer l'emploi de mes soirées et un joiu-, quand la Commune a été poursuivie, et moi avec. . .

Maurice. — On vous a inquiété ?. ..

Monsieur Foucart. — Dame ! vous comprenez. J'avais collé ma signature sur des papiers terribles... j'avais demandé des tas de têtes, sans savoir. Alors, on est venu faire une enquête ehez mon patron. Il a été rude- ment chic : il m'a caché dans son grenier tout le temps qu'ont duré les recherches. Si on m'avait découvert, on nous fusillait tous les deux, lui et moi. Ah ! le brave type... et calé!... C'est lui qui m'a tout appris : depuis quarante ans, je ne fais plus que méditer ses conseils et appliquer ses principes. Mes découvertes personnelles n'ont jamais servi qu'à les confirmer.

Entrent M. Truc et M. Bœuf. Resalutations. Voyant tout

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