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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 717

V

LES IDÉES DE MONSIEUR FOUCART

La boutique de M. Foucart, coiffeur place aux Aires. M. Foucart est un de ces personnages vénérables et prudents qui ont toujours gardé le respect et la science de leur métier. Une véritable vocation, et non pas le hasard.^ Va poussé à entrer, adolescent, comme apprenti chez un barbier. Depuis., il n'a jamais fait autre chose que raser, coiffer , parfumer, adoniser les têtes de ses contemporains. Pourtant, ainsi qu'on va le voir, il participa à de graves événements. Mais il sut toujours les considérer du point de vue coiffeur, et c'est à cela qu'il doit sa sérénité.

Rien de pareil, chez lui, à ces halls parisiens où le client^ objet inerte, se voit automatiquement et économique- ment pressé par des appuis de fauteuils articulés, des mains indifférentes, des brosses et des blaireaux sans caractère, des aciers interchangeables, des serviettes banales, pour en ressortir, en le moins de temps pos- sible, bêlement semblable à tous ses confrères en sup- plice. Non, n'oublions pas que nous sommes à Grasse, et chez M. Foucart. Ici le client est un ami, il vient comme dans un salon, vraiment, il donne des rendez- vous, il cause. Et comme il n'est jamais pressé, M. Fou- cart, lui aussi, se donne du large. Il choisit avec lenteur ses instruments, les éprouve de la paume ou du fil de l'ongle, ou de la joue même, et ne commence à s'en servir que lorsqu'il a acquis la certitude qu'ils ne feront sur la peau du crâne ou de menton pas plus d'effet qu'un effleurement. Tout devient un problème

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