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708 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Madame Fouque. — Je vais vous dire : le pâté de M. Manou est fait aves des bêtes du bas de la colline. Ce n'est pas mauvais, je ne vous dis pas, c'est même très bien cuisiné, mais ça n'a point le montant, l'arôme, le relief de celui qu'on obtient avec des lièvres tués sur les sommets de nos montagnes, comme celui que je prépare, moi. Et je sais que le docteur Rouvière raftole de celui-là.

Monsieur de Chatel. — Tout de même, trois fois du lièvre !...

Monsieur Guizol PàRB. — Eh ! que voulez-vous ?... achetez-lui sa terrine. Ce sont les mœurs du pays. Il ne faut pas la froisser, cette dame : elle fait ça par gentillesse.

Madame Fouque. — Et comme je sais aussi que madame Silvy ferait deux lieues à pied, avec ses douleurs, pour manger des petites grives de buissons, je vous en ai fricoté six, toutes garnies, avec des feuilles parfumées, que c'est à s'en régaler rien qu'à les sentir. Natatoire n'aura qu'à leur présenter un air de feu, trois minutes seulement, et à les servir aussitôt.

Madame Guizol, h M. de Chatel. — Ah ! si madame Silvy les aime, vous ne pouvez pas les lui refuser.

Monsieur de Chatel. — Et que ferai-je de mon perdreau ?

Madame Fouque, illuminée. — Le perdreau ! Vous avez un perdreau ?... Mais vous les mettrez autour... Ça fait joli comme tout sur une table, et à manger ensemble, ces deux bêtes, c'est extraordinaire... On ne sait plus ce qu'on a dans la bouche.

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