674 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
Bubu-de-Montparnasse va bien et je pense que tu verras ce jeune enfant avant un mois, bien qu'il ne soit destiné à être vendu et mis en vente que vers la fin de février. 11 a pour remplaçant, sur la table où je travaille presque (?) chaque soir, un vieux pauvre, une famille de poivrots et un bon type qui vient d'être reçu à l'Ecole Centrale. Il s'appelle Jean Bousset et je l'aime bien. Tu verras, mon vieux frère, ça fera un sale anarcho et je ferai brûler pour lui le bazar de la Charité. Il a un bien beau cœur, mais pas tout de suite. Ça lui prend en pensant à la misère des ouvriers et à la solitude de son cœur. Que va-t-il devenir .?
Je pense à toi et à vous tous dans ma pauvre chambre du soir où je suis encore plus malheureux et plus désolé qu'autrefois. Mais j'y ai de belles extases aussi que je te raconterai à la fin de cette lettre, mais pas tout de suite parce que... Je suis obligé de t'écrire tout bas. Je regarde mon vieux Michel Ange et mon vieux Dante avec des folies dans les nerfs et dans la volonté. Car j'ai lu Nietz- sche, ô mon beau cœur et c'est un remède à mes maux, un grand cordial qui me fait très fort. J'ai la crise de moi-même. Je veux être moi-même, avec feu, me réaliser comme un orage qui éclate et avec un peu de sécheresse, comme un coup de tonnerre. Comme ceci doit te paraître étrange, et comme ceci m'eût paru étrange il y a quelques mois, alors que je n'étais qu'un faible enfant. Je
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