Il faut d'abord avoir soif.
Ste Catherine de Sienne
Août 1905.
Je pense qu'il est pour chaque être un point du
monde où soudain lui apparaissent groupés tous
les rayons du rêve épars, et, sur une terre encore
étrangère, il se sent retenu par des racines nouvelles, mais si profondes qu'en lui va circuler toute
la sève enclose depuis des siècles dans le mystérieux terrain. Ce fut pour moi, de l'autre côté
d'Hendaye, la petite ville de Fontarabie.
— Petite Fontarabie sur la Bidassoa, vous n'avez pas les syllabes éclatantes de Salamanque ou du Guadalquivir, vous ne brillez pas dans l'imagination comme Bilbao ou comme Valladolid, mais du fond de la barque où j'étais je vous regardais approcher, et, me tournant encore vers Hendaye, j'étais émue de ce mystère qui rend si dissemblables, si marqués de leur race et de leurs passions deux points de terre que sépare un ruban d'eau.
Là-bas la France, ici désormais l'Espagne...
Aucun rayon de la grande gloire ne tombe sur cette petite ville oubliée, qui, pourtant, âpre et brûlée, avec ses toits plats et sa lourde église,