logiques. Il ne nous donne plus le change. La vie s’est retirée. Il reste un dialogue glacé et trop souvent ridicule. On eût pensé aussi qu’un théâtre ardent et nouveau aurait évité les ficelles chères à un Sardou. Nous les apercevons toutes et que d’accessoires ! Horloge qui sonne minuit, armes à feu, etc.
Jules Romains a banni la rime. Il emploie le vers blanc de huit syllabes auquel s’ajoutent « à titre auxiliaire des laisses d’autres rythmes, à six, sept, et même douze syllabes. »
Ne croirait-on pas lire quelque définition moliéresque de la prose, et ainsi que M. Jourdain, Jules Romains ne ferait-il pas de la prose sans le savoir ?
Mais, dira-t-on, les personnages de la pièce dépassent ceux des pièces ordinaires, ce sont des groupes…
Toutes les tragédies depuis qu’il existe un théâtre en sont là. Reprenez les exemplaires grecs, le théâtre français, Shakespeare, les pièces d’Ibsen, les mélodrames même. Il serait peut-être impossible de faire un théâtre qui ne fût pas cela et son mérite consistera toujours à concilier la grandeur sociale des héros avec leur humanité.
Pièce hybride, l’Armée dans la Ville met en oeuvre un sujet de tragédie avec les moyens et la psychologie grossière des mélodrames historiques. Il y a de la vigueur, mais point d’art et trop de ces singularités que l’on veut croire voulues. Elles pourraient bien être la mise en pratique des conseils que donne l’auteur dans son Manuel de déification : « Arrachez parfois les groupes à leur torpeur. Faites-leur violence. Choisissez une rue molle. Parlez tout haut ; ouvrez votre parapluie par un beau temps. » Tous les moyens d’étonner ses contemporains paraissent bons à Jules Romains qui nous prend pour des sauvages par trop naïfs.
S’il y a un esprit nouveau, qu’il se traduise autrement que par ces imitations du romantisme et du naturalisme par quoi se manifestent les incertitudes actuelles des imaginations.
Mais, qu’est donc devenue, dans tout cela, l’eurythmie, cette qualité majeure, qui des Grecs avait passé aux Français ?