Page:NRF 5.djvu/582

Cette page n’a pas encore été corrigée

57^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

qu'on peut éprouver en présence de quelque accident de la rue, ou à la vue d'une civière qu'on transporte, cette brève impression qui ne se pro- longe pas même en méditation, cette " rafale " nuisible à l'émotion dramatique, que saurait-elle atteindre en nous, hors les nerfs ? L'auteur n'a voulu qu'insister, de toute sa véhémence, sur les scènes facilement violentes. Il a une prédilection pour la préparation des suicides (La Rafale, Israël, Âpres Moi). Ne dirait-on pas qu'une fois dans une impasse, il craint moins de se perdre ?

M. Bernstein se laisse dévaler à travers ses pièces ; il feint de se placer très haut ; puis de dégringolade en dégringolade, il joue à l'avalanche; son théâtre à catastrophe nous représente toujours le même procédé.

Dans les rapports de l'artiste et de son public, il y a échange. Or le marché est rarement loyal ; le plus souvent l'un des deux donne plus qu'il ne reçoit ; parfois l'un donne tout, l'autre rien. On mesure précisément la force d'un auteur à ce qu'il sait apporter à son public ; à l'effort qu'il demande au public pour parvenir à sa hauteur. (L'habileté peut d'ailleurs consister à faciliter cet effort, ce que M. Bataille par exemple entend à merveille.) Mais certains vont les mains ouvertes, pour donner semble-t-il, en vérité pour recevoir.

Le public entre au théâtre avec des émotions

�� �