l'art de m. HENRY BERNSTEIN 571
ne semble destiné qu'à combler le vide entre deux voies de fait, à occuper l'attente de nos nerfs. Les mots n'atteignent à l'ampleur et à la précision que dans l'injure ; la citation est impossible, il faudrait des instantanés.
Ecoutons M. Bernstein nous exposer le "sujet " de son dernier drame : ^
Dans le silence de son château endormi, Guillaume Bour- gade, le puissant industriel, a médité son destin. La ruine est consommée, l'arrestation toute proche. Il faut se tuer avant le scandale. Ce geste de mort est un geste d^ amour ; Guillaume s'en va pour que demain, Irène, sa femme, se trouve entourée de compassion respectueuse.
Mais la porte de cette chambre tout prochainement mortuaire s'entr'ouvre furtivement et se referme aussitôt, sans que personne pénètre. Un bond ! Sur la table, Guillaume Bourgade a reposé Varme, et // est debout. Car il a entrevu, décoiffée, en peignoir, blonde, voluptueuse, trop belle pour n'être pas coupable, Irène, son Irène, toute sa tendresse, tout son respect... De quel lit d'invité revient-elle ainsi à trois heures du matin ? Abominable incertitude... Dans un tel surcroît de misère, Guillaume Bour- gade, qui était à demi glacé déjà par la mort, se retrouve soudain ardent, comme aux heures les plus faciles d'autrefois.
Le tout-puissant instinct l'a possédé de nouveau. Oui, cette affireuse avidité de savoir qui le redresse, qui le torture, c'est tragiquement masquée, sournoise, invincible, la passion de vivre...
Il est un peu effarant tout d'abord de voir à quoi se réduit, sous la plume de M. Bernstein,
' C'est nous qui soulignons, dans ce passage, les indications scéniques.
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