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568 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

établie, et si j'étais de ses ennemis, je saurais du moins reconnaître la solidité d'une position si bien prise. D'ailleurs le grand public peut choisir lui-même la nourriture qui lui convient : à con- fronter ses goûts aux nôtres, à s'étonner des rap- ports ou à s'indigner des différences, on ne saurait qu'épaissir le malentendu.

Mais M. Bernstein, qui est ambitieux, ne s'est pas arrêté à l'exploitation d'une première formule. Après Samsony il nous offrit l'exemple d'un auteur qui, en plein succès, cherche à se dépasser, tout au moins à se renouveler. Pour faire la preuve des qualités qu'on refusait de lui reconnaître, il écrivit Israël ; pour se conquérir un public nou- veau, il vient de donner Après Moi^ qui fut applaudi à la Comédie Française.

Cette fois il vient au-devant de nous ; le voici tout près : il s'adresse à nous le premier. L'indif- férence ne convient plus. D'ailleurs il requiert mieux que notre applaudissement ; il veut le meilleur battement de notre cœur. N'a-t-on pas lu dans un quotidien, la veille de la récente première, cette phrase qui ferait sursauter les plus distraits : "M. Bernstein est le maître de nos sensibilités... "

Il est temps de s'interroger, et de choisir entre l'acte de soumission qu'il réclame, et le refus d'obéissance qu'il faudra peut-être bien lui opposer.

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