530 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
de me dire, parfois : " Si cette excellente Emilie, à une certaine époque, s'est maintenue dans la bonne société, c'est à moi qu'elle le doit. Je me suis brouillée avec ma belle-sœur, mais j'ai persisté à la recevoir. " Eh bien ! aujourd'hui, vous me croirez si vous voulez, mais...
Mademoiselle Cazagnaire. — Mais ?...
Madame Charras. — Non, vraiment, ça me fait de la peine... J'aime mieux garder pour moi...
Mademoiselle Cazagnaire. — A quoi bon vous cacher ? Craignez-vous des amies ?
Madame Charras. — Je vous en prie...
Madame de Barbaroux, divinatrice. — Elle vous en veut?... [Madame Charras esquisse un signe d^ assentiment plein de tristesse.) C'est bien vilain, l'ingratitude !
Mademoiselle Cazagnaire. — Dites que c'est monstrueux, madame la comtesse. Moi, je suis pourtant très bonne, eh bien ! si une amie me faisait une pareille chose, je ne la recevrais plus.
Madame Charras, héroïque et joyeuse. — Et moi, je la recevrai toujours. Si vous saviez ce qu'elle a souffert, vous pardonneriez comme moi. Tenez, au moment où M. de Bormont...
Mademoiselle Cazagnaire. — Comment ? M. de Bormont ? Je croyais que c'était M. de Maxence...
Madame Charras, gênée et triste. — Je parle de M. de Bormont.
Mademoiselle Cazagnaire. — Eh bien! c'est du joli!
Madame Charras. — C'est la nature humaine, ma bonne demoiselle Cazagnaire. Supposez qu'au lieu de vous faire comme vous êtes. Dieu vous eût doué d'un cœur sensible et de...
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