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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 525

Mademoiselle Cazagnaire, mesurant Vabîme de pervenité de cet équivoque. — Je ne pensais pas, non... Je croyais que vous en aviez à monsieur le vicaire lui-même.

Madame Brun. — Je m'incline profondément devant la religion. Mais ses représentants font souvent ce qu'ils peuvent pour la compromettre, il faut bien l'avouer.

Mademoiselle Cazagnaire. — Ses représentants sont insoupçonnables.

Madame Charras, diversion. — Mais que reproche- t-on à l'abbé Valentin, au bout du compte ?

Madame Brun. — Mais, ma chère, ses aventures sont publiques... {S' arrêtant avec gêne). Vous ne voudriez pas que, devant ces jeunes filles... {Elle désigne Emma et Adrienne qui étaient tout oreilles^ les yeux brillants du plaisir d^ attendre un scandale. Il ne vient pas. Déception). Quoique, cependant, il y ait certaines indélicatesses d'ordre général que... {Les yeux des jeunes filles se rallument).

Mademoiselle Cazagnaire. — Eh bien ! madame Brun, vous seriez une hérétique, une libre-penseuse, que vous ne parleriez pas autrement. {Avec la voix qu aurait — i'/7 en possédait une — un compte-gouttes à fiel) Si je n'étais certaine comme je le suis de la parfaite rectitude de votre conduite, à tous les moments de votre vie, même aux plus difficiles et aux plus troublés, vraiment, de telles paroles me donneraient des doutes. Elles n'éma- nent d'habitude que de personnes dont la moralité indi- viduelle a besoin de l'excuse de l'incroyance ou du nihilisme. {Un froid. Madame Brun devient verte puis, crânement, fait tête).

Madame Brun. — Outre ses qualités... canoniques, je vois que l'abbé Valentin est un confesseur qui sait

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