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51 8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

que j'ai atteint une époque de ma vie où je suis particu- lièrement en forme... L'âge canonique, quoi !

Monsieur Bœuf. — Après, on vieillit.

Le BEL Arsène. — Ah ! taisez-vous. Il y a des mo- ments, quand je pense à ça, je me dis que j'aimerais mieux me jeter dans le canal ; et puis, d'autres fois, je m'imagine qu'on se résigne facilement, qu'on s'endort petit à petit.

Monsieur Truc. — Il y a encore des compensations.

Le bel Arsène. — Oui, je sais bien, des petites mani- gances, mais ce n'est plus ça, vous savez. On sent bien que ça ne signifie plus rien et on n'a que le regret de ne pas tout faire, comme dans la jeunesse... Alors, il vaut mieux renoncer.

Monsieur Bœuf. — Ne vous attristez pas, monsieur Arsène, vous n'en êtes pas encore là.

Le bel Arsène. — Dieu merci ! non. Surtout main- tenant !

Monsieur Truc. — Et qui est-ce, cette petite ?

Le bel Arsène. — Je ne puis pas le dire encore, voyons... Ça date d'hier au soir.

Monsieur Bœuf. — Vous vous levez seulement, je suis sûr ?

Le bel Arsène. — Que voulez-vous ? Ce n'est pas toutes les nuits jour de fête.

Joseph, qui rumine depuis un quart d'heure roccasion de placer aussi un souvenir d'amour. — Eh bien ! moi, j'en ai eu aussi, des histoires de femmes, autrefois... à mon voyage à Paris.

Marius. — Ah ! on le connaît, ton voyage à Paris.

Joseph. — Non, vous ne le connaissez pas tout.

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