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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 517

Monsieur Bœuf. — Qu'est-ce qu'il y avait écrit, sur le papier ?

Le bel Arsène. — " Mademoiselle, je n'en peux plus. A ce soir ! Arsène ".

Marius. — Ça, oui ! c'était le grand coup.

Le bel Arsène. — Vous comprenez ! Après trois mois que je l'intriguais, soudain cette révélation !... Elle est venue, le soir même. Elle tremblait comme ces petits rossignols qu'on prend à la glu, auprès des sources... Et avec ça, un air décidé!.. Devinez le premier mot qu'elle m'a dit : ** On vous racontera des choses sur moi, mon- sieur Arsène, ne les croyez pas. Ce n'est pas vrai. Il ne m'a pas eue, le vieux Joubert. Du reste, il ne pouvait pas, le pauvre. Et personne non plus: je ne l'aurais pas voulu. Mais vous, c'est autre chose. "

Alors, j'ai demandé à vérifier, pièces en main. " Tout ce que vous voudrez, qu'elle a dit... je me languissais trop. '* Je lui ai ôté ses petites affaires, comme ça, en un tour de main, comme une coquille, comme une pelure, tout ensemble. Elle est sortie de là-dessous, nette, blanche, serrée. Une amande qu'on décortique, quoi ! Une amande, je vous dis.

Et c'était vrai ce qu'elle prétendait, cette petite, — et, on a beau dire, ces choses-là, ça fait toujours un certain plaisir, — et vrai aussi qu'elle se languissait trop. Depuis l'âge de douze ans, c'était fait pour l'amour, ça ; ça ne pouvait plus s'en passer. C'est heureux qu'elle m'ait ren- contré : elle aurait pu tomber plus mal, avoir des décep- tions.

Monsieur Truc. — Et avec vous, rien à craindre ?

Le bel Arsène, simplement. — Non... Mais je crois

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