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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 5 II

Parce que le bedeau, une espèce de type mal fichu, avec une épaule plus haute que l'autre et un doigt de moins à la main gauche, tournait autour de Céline, bien avant que je n'arrive à Pégomas. Il avait deviné que nous étions pas mal ensemble et il ne pouvait s'y faire. Ça le rongeait, tellement qu'il en devenait comme le fond de cette bouteille, vert sale. Tant qu'il n'a eu que des soupçons, c'a été encore à peu près. Mais, un jour, il a passé la nuit dehors, pour me voir sortir le matin. Au moment où je passais la porte, il n'a fait semblant de rien, et il ne m'a dit bonjour que cent mètres plus loin, comme si je quittais mon auberge. Je le méprisais tellement, ce pauvre bougre, que je ne pouvais même pas m'imaginer qu'il oserait me faire des misères. Et je n'ai rien dit à Céline. Joseph. — C'est tout à fait comme moi... au moment de mon voyage à Paris. . . je. . .

Marius. — Tu ne pourrais pas te taire, Joseph, et laisser parler M. Baptistin ? {Joseph^ interloqué^ reste un instant la bouche grande ouverte^ puis il la referme^ lentement.) Le Cul-de-Jatte du Cours. — La nuit d'après, à une heure du matin, j'entends frapper à la porte de notre chambre... C'était le curé... Il n'a pas agi franchement, cet homme, et je ne lui ai pas pardonné ça. Il a dit :

    • Céline, je me sens un peu souflfrant. Je vous prie de

vous lever pour me donner une tasse de tilleul. " Alors, Céline, sans se troubler, me dit tout bas : " Pas moyen que je fasse semblant de dormir. Il faut que je réponde. Habille-toi vite et sauve-toi par la fenêtre." Et, tout haut : " Oui, monsieur le curé, qu'elle fait, je passe la camisole et je suis à vous. " Alors moi, je pense : " Un étage, ce n'est rien du tout. Je vais sauter. " Je fais un

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