PETITS DIALOGUES GRASSOIS 503
Maurice. — Prenez garde qu'il faut me les garantir, madame Revertégat, je n'ai pas été content de votre dernière truite.
Madame Revertégat. — Ma truite ? Ah ! ne me dites pas cela, voyez-vous, ne me le dites pas ! Vous me faites une grosse peine. Ma truite de mardi !... A moins de la prendre moi-même dans le torrent... à moins de vous la faire manger vivante !...
Maurice, conciliant. — Vous n'étiez pas dedans.
Madame Revertégat. — Ah ! non, vraiment, ne me dites plus de choses pareilles. Ça me révolutionne... Je n'ai jamais de ma vie vendu une rascasse gâtée, pas une sardine !... Dites cela à madame Ricco, pas à moi.
Madame Ricco. — C'est de moi que vous parlez, hé ! madame ?
Madame Revertégat. — Je me gêne, peut-être ?...
Madame Ricco. — Vous avez du toupet, grosse femme, vous qui faites toujours faux poids avec votre sale romaine.
Madame Revertégat. — Continuez, et je vous la jette dans la figure, ma romaine. [A Maurice). Ne faites pas attention à cette folle, monsieur. Il y a des gens bien mal élevés, pas vrai ?
Madame Ricco. — Ah ! oui, il y a des gens mal élevés, et j'en connais, pas loin d'ici.
Madame Revertégat. — Madame Ricco, faites attention. Je ne suis pas d'humeur à supporter vos essen- tricités de langage.
Madame Ricco. — Eh ! parle toujours, vieille ras- casse !
Madame Revertégat. — Je vous demande bien
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