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498 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Monsieur Manou. — Monsieur Maurice, vous allez me dire un mot de ce pâté de foie. (// lui en sert^ sur une assiette^ une inorme tranche.) Il vient de la campagne... Hein ?... (// prend un air de triomphe devant Pèvidente satisfaction de son convive^ puis les deux gourmands échangent le coup d^œil d^ adeptes pénétrant ensemble le sens d^un passage ésotérique particulièrement fermé au vulgaire.) Vous avez perçu ce goût de thym, qui ne vient pas tout de suite ?... la bête est nourrie des plus fines plantes des champs... {IJn silence de recueillement.) Et maintenant, ne me quittez pas sans goûter une petite tranche, oh ! une lamelle du fameux jambon, de mon jambon...

Maurice, honnête. — Jamais, monsieur Manou, vous ne me connaissez pas.

Monsieur Manou. — Alors, emportez ce petit per- dreau. Il commence juste à se faisander, c'est comme cela que M. de Chatel les aime.

Maurice. — Je profitais d'un instant libre pour vous saluer, monsieur Manou, mais non pour vous acheter du gibier.

Monsieur Manou, très digne. — Mais si je vous le donne.

Maurice. — Je ne l'emporte pas.

Monsieur Manou. — Je le ferai déposer à la voiture.

Maurice. — Je veux l'ignorer. Faites déposer à mon insu tout ce que vous voudrez, je n'y suis pour rien. Au revoir, monsieur Manou...

Monsieur Manou. — Adieu, monsieur Maurice.

Une autre amie reste à voir^ dans la même rue Droite : la pâle madame Vezzian. Mais Maurice est pressé. Il

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