49^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
voulu me donner un coup de poing. A moi !... Alor , avant qu'il ait eu le temps de bouger, seulement, je lui ai collé une bouffe, mais une de ces bouffes... non, mais... tu sais, une de ces bouffes !...
Maurice. — Alors ?
Joseph, se levant^ enivré d^un belliqueux souvenir. — Je lui ai collé une bouffe, je vous dis... Un agent, qu'est- ce que ça me fait, un agent ? Ça ne m'a pas empêché de lui écrabouiller la figure... Si ils croient qu'ils vont m'épater, les Parisiens, avec leurs agents...
Maurice, perspicace. — Et vous avez dormi au poste ?
Joseph, stupéfait devant le génie de son interlocuteur. — Comment savez- vous ça ?... Au poste ! Oui, j'ai dormi au poste, et le lendemain, je reprenais le chemin de fer. Paris ! vous comprenez, alors, j'y ai été. Ça ne m'épate plus. J'aime mieux Grasse. (// se rassied^ complètement désabuséy silencieux),
Maurice. — Les voyages forment la jeunesse.
// resaliie l ^hôtesse et ses amis et sort. Il descend la rue du Touron, traverse la place aux Aires, d'aspect si tranquillement vieille France entre les arcades de ses maisons à galeries et sous ses beaux arbres. Il descend toujours : la rue des Fabreries, étroite, encombrée de vanneries avec, à droite, un vieux local où l'on Joue le dimanche des pièces de guignol italien, la rue de l'Oratoire, puis la rue Droite où demeurent deux de ses autres amis : M. Manou et madame Vezzian. M. Manou est marchand de denrées fines et d'épices. C'est un commerçant sérieux, comme on en faisait autrefois et comme on en rencontre encore dans les romans injustement méconnus de hampjleury. Il
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