ISABELLE 465
— Il vient. Attendez-le.
L'enfant se rapprochait à petits bonds ; il portait un râteau sur l'épaule.
— Permettez-moi d'aller à sa rencontre. Il serait peut- être gêné de me retrouver près de vous. Excusez-moi... Et brusquant mon adieu de la manière la plus gauche, je saluai respectueusement et partis.
Je ne revis plus Isabelle de Saint-Auréol et n'appris rien de plus sur elle. Si pourtant : lorsque je retournai à la Quartfourche l'automne suivant, Gratien me dit que, la veille de la saisie du mobilier, abandonnée par l'homme d'afifeires, elle s'était enfuie avec un cocher.
— Voyez-vous, Monsieur Lacase, ajoutait-il senten- cieusement, — elle n'a jamais pu rester seule ; il lui en a toujours fallu un.
La bibliothèque de la Quartfourche fut vendue au milieu de l'été. Malgré les instructions que j'avais laissées, je ne fus point averti ; et je crois que le libraire de Caen qui fiit appelé à présider la vente se souciait fort peu de m'y inviter, non plus qu'aucun autre sérieux amateur. J'appris ensuite avec une stupeur indignée que la bible fameuse s'était vendue 70 fr. à un bouquiniste du pays ; puis revendue 300 fr. aussitôt après, je ne pus savoir à qui. Quant aux manuscrits du XVIP siècle, ils n'étaient même pas mentionnés dans la vente et furent adjugés comme vieux papiers.
J'eusse voulu du moins assister à la vente du mobilier, car je me proposais d'acheter quelques menus objets en souvenir des Floche ; mais prévenu trop tard je ne pus arriver à Pont-l'Evêque que pour la vente des fermes et
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