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454 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

bien dit qu'il ne pourrait pas demeurer à la Quartfourche ; mais c'est trop jeune ; il ne comprend pas que rien n'est déjà plus à lui. Si seulement on pouvait nous garder sur la petite ferme ; je l'y prendrais bien volontiers avec nous, pour sûr ; mais qui sait seulement qui va l'acheter, et le gredin qu'on va vouloir y mettre à notre place ! Voyez- vous, Monsieur, je ne suis pas encore bien vieux, mais j'aurais mieux aimé mourir avant d'avoir vu tout cela.

— Qui est-ce qui habite au château, maintenant ?

— Je ne veux pas le savoir. Le petit mange avec nous à la cuisine ; ça vaut mieux. Madame la baronne ne quitte plus sa chambre ; heureusement pour elle, la pauvre dame... C'est Delphine qui lui porte ses repas, en passant par l'escalier de service, rapport à ceux qu'elle ne veut pas croiser. Les autres ont quelqu'un qui les sert et à qui nous ne parlons pas.

— Est-ce qu'on ne doit pas bientôt faire une saisie du mobilier ?

— Alors on tâchera d'emmener Madame la baronne sur la ferme, en attendant qu'on mette la ferme en vente avec le château.

— Et Made... et sa fille ? demandai-je en hésitant, car je ne savais comment la nommer.

— Elle peut bien aller oi!i il lui plaira ; mais pas chez nous. C'est pourtant à cause d'elle, tout ce qui arrive.

Sa voix tremblait d'une si grave colère que je compris à ce moment comment cet homme avait pu aller jusqu'au crime pour protéger l'honneur de ses maîtres.

— Elle est dans le château, maintenant ?

— A l'heure qu'il est, elle doit se promener dans le parc. Paraît que ça ne lui fait pas de mal, à elle ; elle

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