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44^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

A la Station du Breuil, j'aperçus l'abbé Santal qui s'apprêtait à prendre mon train ; je le hélai : — Vous revoilà dans le pays ; fit-il.

— Je ne pensais pas en effet y revenir si tôt.

Il monta dans mon compartiment. Nous étions seuls.

— Eh bien ! Il y a eu du nouveau depuis votre visite.

— Oui ; j'ai appris que vous desserviez à présent la cure du Breuil.

— Ne parlons pas de cela ; et il étendait la main d'un geste que je reconnus. Vous avez reçu un faire-part ?

— Et j'ai envoyé aussitôt mes condoléances à votre élève ; c'est par lui que j'ai eu ensuite des nouvelles ; mais il m'a peu renseigné. J'ai failli vous écrire pour vous demander quelques détails.

— Il fallait le faire.

— J'ai pensé que vous ne me renseigneriez pas volon- tiers, ajoutai-je en riant.

Mais sans doute tenu à moins de discrétion que du temps où il était à la Quartfourche, l'abbé semblait disposé à parler.

— Croyez-vous que c'est malheureux, ce qui se passe là-bas ? dit-il. Toutes les avenues vont y passer !

Je ne comprenais point d'abord ; puis la phrase de Casimir me revint à la mémoire : " J'aide à abattre des arbres...'*

— Pourquoi fait-on cela ? demandai-je naïvement.

— Pourquoi ? mon bon Monsieur. Allez donc le demander aux créanciers. Au reste ça n'est pas eux que ça regarde, et tout se fait derrière leur dos. La propriété est couverte d'hypothèques. Mademoiselle de Saint- Auréol enlève tout ce qu'elle peut.

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