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ISABELLE 437

d*en faire autant ; il a l'air de tomber de sommeil. Et comme je ne répondais pas assez promptement à son invite :

— Ah ! je crois qu'aucun de nous ne va prolonger bien tard la veillée.

Mademoiselle Verdure se leva pour allumer les bou- geoirs ; l'abbé et moi nous la suivîmes ; je vis Madame Floche se pencher sur l'épaule de son mari qui som- meillait au coin du feu dans la berline ; il se leva tout aussitôt, puis entraîna par le bras le baron qui se laissa faire, comme s'il comprenait ce que cela signifiait. Sur le palier du premier étage, où chacun, muni d'un bougeoir, se retirait de son côté :

— Bonne nuit ! Dormez bien — me dit l'abbé avec un sourire ambigu.

Je refermai la porte de ma chambre ; puis j'attendis. Il n'était encore que neuf heures. J'entendis monter Madame Floche, puis Mademoiselle Verdure. Il y eut sur le palier, entre Madame Floche et Madame de Saint- Auréol qui était ressortie de sa chambre, reprise d'une querelle assez vive, trop loin de moi pour que j'en pusse distinguer les paroles ; puis un bruit de portes claquées ; puis rien.

Je m'étendis sur mon lit pour mieux réfléchir. Je songeais à l'ironique souhait de bon sommeil dont l'abbé avait accompagné sa dernière poignée de main ; j'aurais voulu savoir si lui, de son côté, s'apprêtait au somme, ou si cette curiosité qu'il se défendait d'avoir devant moi, il allait lui lâcher la bride?... mais il couchait dans une autre partie du château, faisant pendant à celle que j'oc- cupais, et où aucun motif plausible ne m'appelait. Pour-

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