Page:NRF 5.djvu/420

Cette page n’a pas encore été corrigée

414 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

si la récolte a été bonne ; tandis que les gestes, comme la feuille de noyer qui semble avant de tomber peser la tiédeur autour d'elle, s'attardent et se ralentissent, une voix se lève en nous, si suave et si égale qu'on ne sait plus quand elle a com- mencé, et déjà le cœur a cessé de redouter son propre bruit, et l'esprit apaisé s'endort sur l'aile du silence, entre l'été et l'hiver, dans une région incomparable.

D'abord, comme une perle qui rit dans son écrin de velours rose, la légèreté de la joie éclairait le printemps. Puis ce fut quand les grenadiers fleuris brûlaient sur la terrasse, et pareil à une vasque de cuivre Août se creusait dans le plus bel endroit de l'année. Puis tout d'un coup ce fut l'automne ; douceur divine ! en descendant la rue, on entendait, derrière une fenêtre close, un violon chanter.

Comme le prophète qui debout dans les lentis- ques élève ses mains maigres vers la Jérusalem d'en haut, j'ai eu des désirs qui sans cesse récla- maient leur ciel, et mon âme pour sortir de ses gonds appelait tout haut les anges, comme une femme soulevée par la douleur qui jette le nom de son amant perdu. Mais aujourd'hui mon

�� �