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408 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

t'apportera le plus tendre des Ave, car tu es belle.

Salut, puisque tu es belle. Mais ne t'y trompe point. Ce n'est pas, pour te reconnaître et t'adorer, une parole savamment étudiée ni le chant de la frémissante octave ; et peut-être que saluée par le monde entier tu ne t'en apercevrais pas. Comme il est, derrière le mouvement des lèvres, une voix plus profonde, voici, mieux que les mots choisis, le plus émouvant hommage : l'entente de la terre et du ciel pour que, nulle part étrangère, tu sois partout comme le lierre uni à la muraille, comme l'étoile dans les feuilles, sans qui le pommier fleuri ne séduirait pas mon cœur ! Privilège ! Les paysannes te parlent, celles qui pourtant restaient des journées sans rien dire, et elles te confient leur enfant pendant qu'elles sont assises au rouet ; les jardiniers t'aiment comme ces fleurs étranges dont une seule donne au parfum des autres un sens plus admirable ; quand tu passes, il semble que tu sois là depuis toujours ; tu répètes ce qu'on a dit, et ce n'est plus la même chose ; tu es dans le tapis bariolé le brin de laine inséré par la déesse, si nécessaire que les hommes ne le voient pas.

Lève-toi ; ouvrons la fenêtre aux bourres de chardons qui volent.

��Nous avons traversé toute une partie de la plaine, sureaux aux croisements des chemins,

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