Page:NRF 5.djvu/405

Cette page n’a pas encore été corrigée

TAORMINE 399

promenoir fleuri, par une terrasse au niveau du mur reconstruit de la scène : arête d'où couleraient les regards vers les deux horizons de mer vers l'Etna et la Calabre. Il emploierait, comme les Ro- mains, la brique stuquée, les marbres de couleurs, une décoration épaisse et débordante. Quel Hérode Atticus nous offrira cet Odéon ?

On y goûterait aussi quelque ironie facilement apportée. Trop facilement peut-être. Simplement, devant ces Allemands qui font de Taormine leur Nice et leur Menton exotiques, devant la jeune Italie qui cherche à grouper selon une beauté romaine les visages inépuisables de son passé, ce théâtre dit : Allez !... Dans cet amas de briques meubles, vous ne déchirez rien de sacré, vous ne restaurez pas un Parthénon, vous ne touchez pas un mur d'Orange. Faites lever de votre histoire une harmonie selon vous, une harmonie avec ce sol, une harmonie de hasard, mêlée, confuse, promise à la ruine elle aussi, mais vivante aujourd'hui avec des vivants.

��« 

��Venu ici par une route d'émigration où se brassait de l'humanité mouvante, j'ai laissé à Taormine ma pensée aussi courir selon des routes humaines. Mais, un soir, du château où j'étais remonté, le théâtre défait devenait à son tour

�� �