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39^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

adresse à Thoas l'adieu consolateur. Au château normand qui surplombe Taormine, ramassé et fort comme un burg du Rhin, dans le flottement des enceintes vides semées serré de marguerites comme autrefois de tapis sarrasins, les yeux sur le théâtre qui de là lève la cime exaltée du paysage marin, on suscite des figures autres, et voici que, du champ de citronniers qui marque sur le rivage la place de Naxos jusqu'à ce nid de proie de site mycénien, on suit une courbe de guerre et ce qui change une molle fleur de négoce ou de beauté en une vigilante plante de fer : la ligne commencée au ras de la mer sur le motif de la chanson de Mignon s'achève ici au point d'où notre regard impose à la scène là bas vide la rudesse et les armures de Gœtz de Berlichingen. Mais quand on redescend aux gradins, par un soir ample de conscience et de lucidité, tout est occupé par cela, qui, d'inverse et décisive manière, nous conduit du premier au second Faust, de Marguerite et de Méphistophélès à Hélène et à Euphorion.

L'architecte ferait œuvre saine, honnête, pesante, mais qu'importe ! 11 travaillerait pour les Alle- mands, et souvenons-nous que le matin et le soir l'odeur caractéristique du théâtre est (on fait en Sicile de pires rencontres) celle des cuisines de l'hôtel Timeo — honnête et saine s'il nettoyait dans les galeries du haut les pans subsistants de brique cariée, exhaussait ces galeries, en un seul

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