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TAORMINE 397

déjà autrefois avec le stucage, le placage et l'en- combrement de l'art impérial.

Dans une rhétorique romaine, un peu de mauvais goût italien, soutenu par les ailes de son paysage et la sûreté de ses amples couleurs, je l'imagine fait à souhait pour Gabriel d'Annunzio. A Orange le mur sublime semble avoir été prévu par les Romains pour arrêter à son élévation de volonté consciente et raidie, à sa nudité de pierre héroïque et dure une scène d'humanité cornélienne. Mais à Taormine tout glisse et s'enchante, jusqu'à l'ex- trême horizon, vers la fête du lointain, de la mer, du volcan et des fleurs. Et que la main d'un architecte d'aujourd'hui mette ici librement son jardin répandu, vitruvien, de marbre et de pilastres! Comme Orange est le lieu d'un cycle cornélien, (négligeons les navets qui poussent chaque an sous le figuier et le laurier), Taormine, encore, par delà les feux d'artifice de la Nef et de Fran- çoise de Rimini formerait un sûr piédestal à un cycle gœthéen. Et peut-être lorsqu'au printemps ce coin de Sicile devient presque une colonie ger- manique, les Allemands le pressentent-ils : site grec, romain, médiéval, nourri d'abondance et pour qui brûle doublement sous l'hiver la ferveur du Nord !

J'y vois riphigénie en Tauride qui par la grande porte reconstruite de cette scène, descendant, avec le frère qui la ramène, vers la mer et la Grèce,

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