Page:NRF 5.djvu/391

Cette page n’a pas encore été corrigée

d'après trois estampes 385

vieux bahut de noyer ; tu l'ouvres et prends les Géorgiques à l'endroit que Virgile fait chanter les abeilles. Alors près de toi, autour de ton front et jusque dans ton cœur, tout bourdonne, palpite et vit d'un bruit d'ailes. Dans ton rêve apparaît le monde de Dieu sous sa diaprure de fleurs et sa vêture de vert ; et les fontaines où pousse le cres- son elles aussi bourdonnent, comme si leurs petites vagues étaient des abeilles et que leurs flots pressés fussent le miel des dieux î De tant de bruits, de chants et de murmures, tu demeures un peu étourdi ; et, c'est comme quand le dimanche, assis sur un banc de buis, sous un arceau de feuilles, en avant de ta porte, tu savoures dans un gobelet d'argent un petit cru clairet de cante- perdrix !

Olivier, l'olivier est ton arbre ! Son fruit est huilé, son feuillage argentin brille et frissonne au vent sur les coteaux du sud. Mais l'oranger, l'oranger à la suave odeur tel que tu le connus dans le parc de Heidelberg, le meurier blanc dont se nourrissent les bêtes à soie, et la vigne aussi sont tes arbres amis. La vigne ! Tu sais la tailler et rébourgeonner, la faire grimper et bien l'exposer. " Les petits vins verdelets, dis-tu, sont plus propres pour l'été que l'hiver" ; mais tu conseilles, l'hiver, " les muscats picquardants. "

C'est pourquoi, sur le seuil de ton livre, dans l'estampe ancienne, je te vois à l'instant que tu

4

�� �