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POÈMES 373

U orage a fait cailler le lait bleu dam les jattes. "

Et dehors^ ce sera dans la torpeur morne une goutte d^eau

Et son bruit fraisy parmi les feuilles de figuier larges et plates^

Puis une autre^ puis plusieurs. Et bientôt.

Ce sera sur les arbres et la poussière de la route

Uèpanchement joyeux et lourd, en tièdes gouttes !

  • Je suis allé chercher le lait bleu pour mon fils à la métairie,

y^ai marché dans la fraîcheur transparente du matin,

fai suivi le chemin qui serpente au faite de la collim.

Le chemin bleu tout étoile de chicorée et parfumé de thym.

Le ciel d^ huile luisait comme une mer méridionale.

Autour de moi, s^ incurvait en vasque de clarté la campagne

Enluminée d^or et haletante d^un effort herculéen,

fusques à rhorizon étincelant des massifs pyrénéens.

En arrivant à la métairie qui se taisait dans la lumière,

J^ai dû chasser les chiens hurlants, à coups de pierres.

Tandis que Us paons somptueux, pour m^ accueillir.

Rouaient de leur fardeau d^émeraudes et de saphirs.

Et quun coq se hérissait sur la caisse verte des capucines.

Et me voici sur le seuil clair de la cuisine. Toute la maisonnée est là :

La métayère fraîche et lourde comme une grappe de lilas. Et près d*elle et la dépassant de la tête, son homme. Qui serre dans sa main aux doigts roides et gourds. Avec dans les épaules le geste ancestral du labour, La main d^un tout petit aux joues comme des pommes. Devant eux parle et gesticule un contrebandier du pays. Aux cheveux roux sous le béret comme des barbes de maïs. Qui vend des bottes coloriées toutes bruissantes d^ allumettes

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