Page:NRF 5.djvu/367

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRES DE CHARLES-LOUIS PHILIPPE 361

pour me consoler et de la besogne de toutes sor- tes. La Victoire de Bouhélier m'a fait perdre deux soirées : l'une pour assister à la pièce, l'autre pour faire un compte rendu. Il faut que je t'en parle un peu. Les journaux sont stupides. Bauer et Mendès sont deux vieux crétins qui, ayant peur pour leur réputation à venir, courtisent les jeunes qu'ils sentent devoir arriver. Et puis l'un ne con- naît rien à la littérature et l'autre a trop d'occupa- tions plus ou moins ignobles pour prendre le temps de lire ou de penser.

Donc la Victoire est quelque chose de très ennuyeux, comme les autres œuvres de Bouhélier d'ailleurs. On y voit un héros guerrier qui rou- coule comme dans Racine, ou mieux comme dans les bouquins de M"® de Scudéri. Tu connais le manque d'émotion de Bouhélier, eh bien ! imagine qu'il n'y a pas d'action sur la scène et qu'on passe tout le temps à y parler sentimentalement. C'est d'un rasant ! Des phrases pompeuses sont fades et fausses, des gestes d'amoureux naïfs sont ampoulés comme des gestes de cabotins. D'après les échos ou plutôt les réclames que les naturistes ont fait passer dans les journaux il y aurait eu des luttes dans la salle. C'est absolument faux. Il n'y a pas eu de cabale. J'ai vu à la répétition générale des gens qui auraient été très heureux d'applaudir (j'étais de ceux-là) et qui ont été bien patients. Il leur a fallu de la bienveillance pour ne pas mani-

�� �