352 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
de circonspection dans tes menaces de départ. Songe aux conséquences qu'elles pourraient avoir, et tu en concluras peut-être qu'il vaut mieux que tu souffres.
Je te remercie beaucoup de toutes ces bonnes paroles que tu m'as envoyées au sujet de mes malheurs. Je t'assure qu'elles m'ont fait du bien parce qu'elles étaient pleines de beaux sentiments et qu'elles me montraient toute la noblesse de ta tendresse. Mais tu comprends bien qu'il m'importe peu qu'il y ait au monde une femme capable de m'aimer si je ne dois jamais la connaître.
Pour le moment, il semble que la période aiguë soit terminée. Voici quelques moments de calme où je goûte un plaisir divin à l'étude. Il y a des soirées douces où je m'emballe, où j'écris, où je lis, pendant que la vie me semble calme et douce. Mais je crois qu'il y a à cela une raison physique des plus banales : c'est qu'il fait mauvais temps. Que le soleil revienne chauffer la sève d'? prin- temps, et ma douleur remontera. Mais il faut que je te fasse des reproches sérieux. Tu as l'air de croire que si tu me parles de ton amour, j'en doive souffi-ir. Tu me demandes pardon de te laisser entraîner sur cette pente. Allons, mon vieux, il faut que tu te dises bien que je ne peux pas souffrir d'un de tes bonheurs, et que je ne suis pas tellement malade de solitude et de silence que ta joie puisse me fatiguer. Raconte-moi au
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