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350 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pourrait m'aimer. Et pourtant, au fond de mon cœur, de grandes souffrances me déchirent. Tu ne peux pas deviner les déchirements que je sens lorsque je vois passer et fuir certaines femmes qui me plairaient, — le résultat actuel de cet état d'esprit est une haine atroce de la femme. En particulier, en bloc, je les déteste. Quand je lis dans les journaux le récit d'un accident arrivé à une femme, j'entends une voix qui dit : Tant mieux ! Il est bien certain que je ne m'intéresse- rais à aucune douleur féminine, et que si je m'en occupais ce serait plutôt pour l'accroître que pour la soulager. Je me dis souvent que si jamais je possède une femme je lui ferai souffrir de grandes douleurs pour me venger de ce que les femmes m'ont fait souffrir. J'embrasserais un homme qui bat sa maîtresse. Je tuerais une femme qui trompe son amant. Sais-tu qu'à Milan lorsque l'armée est entrée, les belles dames criaient aux soldats du haut de leurs balcons : Tirez fort ! Visez juste ! et qu'elles leur portaient des rafraîchissements et des cigares. S'il y avait un bouleversement dans Paris je ferais fusiller toutes les femmes du

monde que je prendrais

Comme j'admire un employé de mon bureau qui a de grands succès et qui traite les femmes à coups de bâton ! — Mais, parlons d'autre chose. J'ai reçu les Images de Dieu de Toisoul. C'est un petit livre divin et fondant comme les bonbons

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