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LETTRES DE CHARLES-LOUIS PHILIPPE 345

XXXVIII

Cérilly (Allier)

17 février 1898

Pour mon compte, malgré que je sois malade, je ne me plains pas trop du présent. Je vais mieux. La suppuration s'atténue, et il paraît que tout s'est passé pour le mieux et que je suis assez chançard. Une des bizarreries de ma maladie c'est que je n'ai jamais souffert. Même lorsqu'on m'injectait des antiseptiques je ne souffrais pas. De sorte que j'ai pu rester des temps et des temps dans mon fauteuil sans m'ennuyer. Je ne marche pas encore, mais j'espère marcher la semaine pro- chaine, et alors je ferai de grandes courses dans la campagne et dans la forêt, et c'est nécessaire car il faut que je me reforme un sang neuf (ordre du médecin) avant de m'en aller. 9 cuillerées d'huile de foie de morue m'y aident chaque jour, mais le plein air sera un remède bien plus charmant. Aujourd'hui il fait beau et ma petite chambre donne sur la grande pelouse d'un jardin où l'herbe verte et jaune est adorable. En venant de Paris les moindres choses de la campagne font rêver. Le moindre petit arbre, le plus léger chant d'oiseau ont de grands attraits. Mais ce qui m'a le plus ému, c'a été de voir les poules dans la rue : c'est

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