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342 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

te parler de ma vie; c'est parce qu'elle est toujours pareille. Je vais au même bureau, aux mêmes heures, je regarde par la même fenêtre, je fais la même besogne, je rentre, je fume, je travaille, je m'ennuie, je lis, je dors. Voilà tout. Il ne m'arrive rien. Je voudrais avoir une aventure. Vraiment ces temps derniers, j'ai souffert d'être seul. Je vois très souvent des camarades, mais ils ne sont pas assez près de mon cœur pour que ma vie soit heureuse. Je passe quelques bons moments, mais c'est peut-être parce que je ne suis pas difficile en fait de bons moments. Pourtant, il y a un pauvre homme, qui est souffrant, qui est marié à vingt- sept ans et que j'aime pour la pureté de sa vie et la belle clarté de son âme. Je t'en parlerai quelque jour, il deviendra mon ami je crois, il est très fin, peut-être écrira-t-il de belles choses, j'en aurais un grand plaisir.

Je lis du Balzac, et du Michelet qui parle de Luther. J'aime Luther comme un Dieu, je vou- drais le connaître, c'est une âme populaire et forte, un beau forgeron trivial parfois, mais simple, et il enseignait l'amour et la bonté.

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