322 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
et de tout temps ont recueilli les chefs-d'œuvre de leurs initiateurs, chefs-d'œuvre qui sont l'orgueil de leurs récents musées.
Ces dernières années, des coolies fouillant le sol dans le Chansi pour la construction d'une voie ferrée éventrèrent des tombes d'époque Han (début de l'ère chrétienne). Ils en sortirent des poteries d'une sévère beauté et des statuettes de terre cuite dont certaines sont des merveilles de modelage. Nous en pûmes contempler, l'été dernier, un bel ensemble aux Arts Décoratifs, et Madame Langweil en expose actuelle- ment chez Durand-Ruel une importante réunion. D'autre part, sur de pressantes demandes, de Péking, de Shangaï, du Japon même, des lots de peintures venaient en Europe, Les mé- diocrités, les horreurs abondaient, mais l'on vit enfin quelques pièces de premier ordre, importées par MM. Vignier et Bing, qui prirent place dans les collections. Madame Wegener rapporta de Chine un très grand nombre de peintures. Elle les montra d'abord à ses compatriotes, mais les Allemands les dédaignèrent. Le British Muséum, mieux inspiré, en acquit un lot où se trouve une extraordinaire merveille qu'on croit être d'époque Tang (du VIP au X' siècle) : Les Oies sauvages. Par suite de quoi, possédant déjà l'impressionnant rouleau de Kou-k'ai-tche, il a devancé, et pour longtemps distancé, tous les musées d'Europe.
Cependant, en 1905, un livre avait paru : An introduction to ihe history of Chinese pictoral art, par Herbert A. Giles. Ce manuel contient des traductions d'ouvrages chinois, des extraits de catalogues célèbres qui nous donnent les noms des peintres, avec la description d'un grand nombre de leurs œuvres. Décevante science : nous apprenons qu'au dixième siècle déjà les experts chinois pouvaient hésiter entre une peinture originale et une copie. Nous constatons que la bio- graphie de nombre de peintres commence ainsi : "' Il étudia la manière de tel artiste et réussit quelques copies que les con- naisseurs de l'époque confondaient avec les œuvres du maître ". Il ne s'agissait pas de supercherie, mais les amateurs qui avaient admiré une œuvre célèbre, en demandent une
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