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WILLIAM ERNEST HENLEY 277

Par malheur cette critique technique semble un peu fade aux profanes. Les mêmes termes se pré- sentent trop souvent. Il ne dégage pas assez l'élément intellectuel de l'œuvre d'art qu'il étudie; tout se limite, la plupart du temps, à des qualifi- catifs de la couleur et du ton. Il était bon, certes, d'être le premier à exprimer ce que nous pensions tous de Ruskin, le patriarche des Esthètes. Mais il fallait aussi substituer à son exégèse, une criti- que plus vivante.

Henley cite, à propos de R. A. M. Stevenson, cette phrase de Balzac : " Enfin il [Steinbock] passa critique, comme tous les artistes qui mentent à leurs débuts ". Que Balzac ait pensé ou non à Sainte-Beuve, peu nous importe ; mais à coup sûr cette phrase ne saurait s'appliquer à W. E. Henley, qui mena toujours de front la critique et la création littéraire. Qu'il considère la critique comme un art très inférieur à la poésie et même comme le dernier de tous les arts, cela est certain. Nous savons tous que l'érudition, — cet " ouvrage pour Messieurs ", — est à la portée de tout le monde, et que la critique, qui n'est que l'esprit d'ordre appliqué à l'érudition, est à la portée de tout homme intelligent et observateur. Mais il entre aussi, dans la meilleure sorte de critique, ce que notre auteur appelle "le don divin d'appré- ciation ". Et, dans certaines limites, il avait ce don.

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