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WILLIAM ERNEST HENLEY 275

La critique shakespearienne de Henley, éparse dans les ouvrages précédemment cités, est hostile à la frénésie d'enthousiasme ignorant qui veut faire de l'Œuvre la Perfection Littéraire. La preuve que les partisans de l'apothéose globale se trompent, c'est l'excès de dénigrement auquel sont arrivés les baconiens dans la fameuse dispute. Shakespeare leur a paru si grand et si bas à la fois, qu'ils ont dédoublé son œuvre, donnant à Bacon les parties sublimes, et au " vieil acteur " les calembours et les obscénités. Henley fait bien d'insister sur les côtés orduriers de Shakespeare, et sur ses défauts : le bourgeois anglais, à force d'admirer de confiance certains livres, finit par n'en plus sentir la vertu et par ne les plus com- prendre. Son admiration a depuis longtemps paralysé pour lui la Bible ; le froid gagnait déjà Shakespeare.

De la critique artistique de W.E. Henley je dirai peu de choses. Elle est contenue dans le tome II de Vues et Revues et consiste en notes et en introductions rédigées de 1888 à 1890 pour divers catalogues d'expositions. C'est encore le style ferme des Essais littéraires, et, dans la pein- ture française, c'est encore l'Ecole Romantique qu'il étudie de préférence : George Michel, le précurseur ; puis Ingres ; Corot, qu'il met au-des- sus de tous ; Eugène Delacroix, qu'il défend con- tre les préjugés du public anglais ; Bonington,

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