WILLIAM ERNEST HENLEY 27 1
Dans Robert Burns, post-face de l'Edition du Centenaire, il s'attache, tout en racontant la vie du Barde écossais et en situant son œuvre littéraire, à détruire une légende toute différente de celle de Fielding. Autant la bourgeoisie victorienne avait noirci Fielding, autant elle avait blanchi Robert Burns. C'est que Burns, est un poète national, et que la bourgeoisie exige qu'un poète national soit un parangon de toutes les vertus. Shakespeare avait été l'objet d'une tentative semblable de la part de quelques personnes pieuses, mais une critique incessamment en alerte avait déjoué ces calculs. Pour Burns, la crépissure tenait, et les vertus domestiques du Barde étaient proposées en exemple à la jeunesse écossaise. Il était cité dans la chaire, et l'on oubliait qu'il avait été l'ennemi acharné de la Kirk ; ses poèmes insérés dans tous les recueils de Morceaux Choisis des écoles faisaient oublier qu'il était l'auteur des plus obscènes pria- pées de la poésie écossaise. Il ne s'agissait pas de salir la mémoire du Barde ; il s'agissait de le montrer tel qu'il était : ardent, révolté, débauché, buveur, et non dépourvu d'une certaine grossièreté malgré tout son génie ; enfin un caractère tout opposé à l'idéal domestiqué du bourgeois victorien.
Voici donc W.E. Henley parti en guerre contre les châtreurs de grands hommes ; il leur prouve qu'ils n'ont rien pu contre le Barde de l'Ecosse. Du reste, il remplit consciencieusement ses devoirs
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