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SUR LA CRITIQUE AU THÉÂTRE
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ouvrage est en question, nous le verrons donner toute sa réserve, découvrir toutes ses ressources, faire emploi le plus subtil, le plus brillant, le plus décisif de sa finesse, de sa logique et de son éloquence, s’il s’agit de combattre ou de faire triompher une conviction morale ou sociale. D’autant que cette double préoccupation, morale et sociale, " se manifestait chaque jour plus fortement " dans l’œuvre de Jules Renard, M. Blum déplorera plus amèrement, comme une perte irréparable, la mort du grand écrivain. À ses yeux La Bigote est un chef d’œuvre parce que "jamais M. Jules Renard n’avait traité un sujet si ample, si riche de contenu, inclinant à des réflexions ou à des conclusions si graves « , parce que la pièce aborde une » question « périlleuse et difficile, et qu’il faut lui reconnaître » la valeur d’un acte « . Déjà M. Blum accordait de la » considération" au théâtre de M. Brieux, en faveur de 1’ « utilité » de ses thèses. Et je remarquerai enfin que, dans le présent recueil, si les études sur Jules Renard, Henri Lavedan et Tristan Bernard, par exemple, semblent excellentes, l’article sur Paul Bourget, à propos de La Barricade, l’emporte de loin sur les autres. Il est admirable d’entrain, de mouvement, de vigueur, de franchise et de précision. Là, un sentiment profond, authentique, une conviction vivante ouvrent les yeux du critique et décident son jugement, le guident, l’entraînent, le forcent non seulement à ruiner les