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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

demande pas beaucoup. Il prend ce qu’on lui donne. Il est bientôt satisfait, ou bientôt il se déintéresse. Ses intérêts ne sont pas là. Les pièces de théâtre (nous n’avons à parler que d’elles) ne sont pas pour lui des choses bien sérieuses, si grandes qu’elles soient ou si petites. S’il approuve un caractère dramatique, c’est pour en dire : " Le caractère est excellent, aussi original qu’un caractère de théâtre p eut r être encore. " Des caractères factices, des sentiments superficiels, une action sommaire et sans vie pourront lui déplaire, un instant le choquer. Il n’en souffrira pas, comme un ouvrier devant du travail mal fait. Il n’en éprouvera pas de répugnance, de colère et de honte. Il ne se sentira pas menacé, insulté, dans son bien, dans sa foi. Il n’aura pas à tirer vengeance d’une mauvaise action qui le lèse… J’oserai le dire à présent:M. Blum n’aime pas le théâtre. Il y vient avec les autres spectateurs. Il en parle avec goût et sans passion. C’est pour lui le divertissement de pensées plus urgentes, le délassement d’une tâche plus grave. Et le voici parmi nous, non comme un soldat, mais comme ces « envoyés » qui se mêlent aux combats sans y payer de leur personne.

Pour connaître M. Blum, il faudra l’attirer sur un autre terrain; pour qu’il réagisse ouvertement, pour qu’il s’émeuve et s’échauffe, il faut qu’un autre aiguillon le touche. Nonchalant de s’engager à fond quand, seule, la valeur esthétique d’un