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192 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

entasse en Andromaque^ toute la plus complexe époque de Rome Impériale il la verse en Britannicus. Si l'histoire ne suffit pas, il corse d'intrigues l'his- toire. On n'insistera jamais trop sur l'importance de l'intrigue dans ses pièces, sur la complication du " métier " racinien. Intrigue double, souvent triple, et sans gain apparent de renforcement dramatique.^ Que s'il arrive, en Bérénice^ sujet non choisi, im- posé, que le thème présente une ressource par trop nue, il répète indéfiniment la même péripétie; l'action recommence à chaque acte et s'élève en spirale vers le dénouement... Au dedans de la forme tragique héritée. Racine s'évertue; il en combine à nouveau l'aménagement; il y construit à son usage une sorte de mécanisme dont l'ingéniosité, l'équili- bre et même parfois l'harmonie peuvent nous éton- ner, mais qui ne vaut, en fait, que comme support nécessaire à la présentation dramatique des per- sonnages. Que la psychologie défaille — ce qui advint une fois, dans Iphigénie^ — la carcasse paraît au jour. C'est pourtant de cette carcasse que Vol- taire se saisit pour la proposer en exemple ! Nous nous contenterons de l'admirer comme l'artificieux degré imaginé par le poète pour atteindre à la tragédie. Car il ne peut pas nous suffire que Racine ait renié Racine afin de devenir un " habile homme

' C'est chose remarquable que des trois unités, la seule dont Racine ait violé la loi, soit l'unité d'action, la plus juste. Quand il ne la viole pas, il la tourne.

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