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l'exemple de racine 183

AppreneXj roi des Juifs et n oubliez jamais Que les rois dans le ciel ont un juge sivère^ etc.

Va-t-on tirer de là une morale pour Racine ?... Il faut en prendre son parti, la tragédie racinienne n'a pas, ne peut avoir d'autre direction, d'autre signification, qu'une direction, qu'une signification esthétiques. C'est là sa force originale et la raison de son éternelle actualité. On n'a pas assez remar- qué que parmi les chefs-d 'œuvres du XVIP siècle, du XVIIP, et même de l'époque romantique, elle se trouve seule dans ce cas, seule à pouvoir se contenter d'une esthétique. N'est-elle pas le type de l'œuvre d'art } Aussi bien, quand — sincère- ment ou facticement, peu importe — Racine songe à lui assigner un but extérieur à l'art, elle a déjà perdu sa vertu personnelle ; le formulisme, flagrant dans Iphigénie^ et qui gâte la fin de Phèdre, l'a en- vahie définitivement : aucune idée, chrétienne ni morale, ne saurait plus la rajeunir. Non ! Racine n'est point Pascal, même en puissance, et il renonce à tout quand il renonce à l'art tout court. Je conçois en un certain sens que l'on souffre de cet amoindrissement d'un grand homme. En déplaçant le centre de gravité de son œuvre, en découronnant sa carrière d'une fin quasi-sur- humaine, en contestant non pas seulement la portée, mais la valeur même de ses tragédies sacrées à l'avantage des profanes, je ne me dissi- mule pas que je suis conduit à poser des limites à

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