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l62 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

toucher les âmes simples que s'il est bassement traité et mal écrit ? M. de Faramond n'a pas renoncé à son style, à son lyrisme familier, à ses savoureuses inversions ; il est de ceux qui prétendent, à juste titre, qu'il y a lieu de transposer sur le théâtre, même la plus proche réalité, et de parler un langage plus volontaire et plus ample que celui de la conversation de tous les jours. Si ce souci, parfois, l'attardé, si le Mauvais Grain a quelques lenteurs, c'est un défaut facilement remé- diable. Dans cette tragédie rustique, de plain pied avec le public, le public doit entrer, et pour son plus grand bien ; car il a chance d'y perdre ses habitudes et ses goûts de médiocrité littéraire. H. G.

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��GEORGE MEREDITH, par Constantin Photiadès (Armand Colin).

Nul écrivain n'allèche la critique et ne la décourage plus que Meredith. Son oeuvre déroutante et complexe semble appeler le commentaire ; mais les renseignements biogra- phiques, les clefs dont l'initié dispose n'écartent que peu de ténèbres et n'ouvrent guère de portes qu'un lecteur attentif n'eût poussées tout seul. Personne n'a mis plus fière pudeur à défendre sa vie intime et à ne l'accueillir dans ses livres que transfigurée, consumée par une brûlante intelligence. Aussi n'est-ce point par les à-côtés que le critique peut amorcer une lecture de Meredith. Il lui est permis de nous séduire en nous montrant le beau profil ardent et tout éclairé de pensée que l'auteur de l'Egoïste conserva jusqu'en sa vieillesse ; puis son rôle se borne à classer l'oeuvre selon une chronologie som- maire. Il ne peut plus ensuite, que nous inviter à mordre à même un de ces livres.

C'est le parti auquel s'est tenu M. Photiadès. Le récit d'une visite émouvante qu'il fit à Meredith nous donne une idée de ce que furent l'homme, sa générosité, sa rapidité d'esprit, son

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