NOTES 157
faut manifester par tous les moyens possibles." C'est entendu... Manifestez, héros, manifestez ! Nous n'attendons que cela.
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��Parlant du Carnaval des Enfants, M. Adolphe Brisson a écrit que, présenté sous le nom d'Ibsen, l'ouvrage passerait pour chef-d'œuvre. Ecartons cette sottise un peu trop forte, et gardons de nous irriter... Mais il est vrai que pour parler sans injustice du Carnaval des Enfants, pour lui accorder une louange convenable, je voudrais pouvoir oublier tout d'abord que son auteur est M. Saint-Georges de Bouhélier. Eh oui ! Si quelque jeune inconnu l'eût signé, je me plairais à ne point considérer de trop près ses faiblesses et ses puérilités ; la fougue ingénue de l'auteur ne me paraîtrait pas jactance in- supportable ; les influences qu'il subit ne seraient à mes yeux l'indice que d'une heureuse orientation httéraire ; et j'insiste- rais avec vivacité sur les réelles espérances qu'un tel début permet de concevoir. Mais quand il s'agit du preux Chevalier sacré par Mendès, je ne sais plus dans quel ton prendre l'éloge ou le blâme. Puisque j'ai devant moi le rénovateur de la scène française, le grand tragique des temps modernes, je risque, je l'avoue, d'être surtout sensible, en écoutant son drame, à la grossièreté des moyens pathétiques, à l'inconsistance de la langue et du style, à tout ce que cette dramaturgie montre de pédantesque, de théâtral et d'emprunté.
Je dis : d' emprunté. Car il faut préciser, avant tout, ce qui dans la conception du Carnaval appartient en propre à M. de Bouhélier. Il me semble que la formule du tragique quotidien, de ce tragique " bien plus réel, bien plus profond et bien plus conforme à notre être véritable que le tragique des grandes aventures ", a été consacrée avec tout l'éclat possible par M. Maurice Maeterlinck. Le double sens, l'allusif et le métapho- rique du drame, son balbutiement volontaire, ne procèdent pas moins visiblement, ici, de l'auteur de Pelléas. La couleur contrastée, l'antithèse matérielle sont d'origine shakespearienne.
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