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SUR LA CRITIQUE AU THÉÂTRE
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déplorable ?… Dans quel cercle sommes-nous pris ! Car, si notre théâtre est devenu le lieu des plus basses convoitises, si ses mœurs ont dégénéré, si la culture, la direction, la conscience et l’énergie y font encore plus défaut que le talent, n’est-ce pas surtout d’un rude censeur que nous avons besoin, d’un honnête homme éclairé qui sans relâche dénonce la faiblesse et le désordre, démasque le mensonge, rallie les égarés à de plus pures, à de moins éphémères ambitions, en leur proposant les grands exemples et les parfaits modèles ?

Nous touchons à une question que je voudrais qu’on prît pour essentielle. Il s’agit de savoir sur quel terrain le critique se placera et placera avec lui les œuvres qu’il considère, quel sera son point de vue, sur quel étalon il réglera son jugement, à quel taux il fixera son estime. Et tout d’abord j’admire que les auteurs, non les pires, mais ceux qui appartiennent ou croient appartenir à la littérature, montrent à la fois tant de vanité et si peu de prétention. Ils sont avides de louange et même de flatterie. Mais si vous les blâmez, ils vous accuseront aussitôt d’invoquer une perfection qui ne saurait être justement tenue pour règle, de les desservir au moyen de comparaisons disproportionnées, d’humilier leur bonne volonté sous des coups qui tombent de trop haut. Et c’est ainsi que les critiques ont accepté pour mot d’ordre d’encenser de chétifs auteurs en se rappelant qu’il